
Migrants et réfugiés
L’éducation symbolise l’espoir de bâtir un avenir meilleur, de voir naître un nouveau sentiment d’appartenance, de reconstruire des existences et de tracer une voie vers un futur plus paisible et prospère. Selon l’édition 2019 du Rapport mondial de suivi sur l’éducation, la migration et le déplacement sont liés de façons complexes à l’éducation et touchent « les personnes qui se déplacent, celles qui restent et celles qui accueillent ou sont susceptibles d’accueillir des migrants et réfugiés » (Rapport mondial de suivi sur l’éducation, 2019).
Dans un contexte où l’on recense 272 millions de migrants internationaux, plus de 25 millions de réfugiés et plus de 41 millions de personnes déplacées internes (PDI) dans le monde entier (OIM, 2019), le soutien apporté aux réfugiés et aux migrants, et leur intégration reste une priorité mondiale, une priorité qui exige une action immédiate et concertée.
Pour faciliter la transition des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées internes dans leurs sociétés d’accueil, l’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) développe actuellement un projet de recherche sur la reconnaissance, la validation et l’accréditation de l’apprentissage informel et non formel pour les migrants et les réfugiés – et, plus largement, sur des parcours d’apprentissage flexibles dans ces domaines. Le projet a pour objectif de favoriser des politiques adaptées, des systèmes opérationnels et des mécanismes de soutien pour l’emploi, l’éducation/la formation continues ou un engagement actif dans la société/le secteur tertiaire, permettant aux migrants et réfugiés dans les régions et pays cibles d’obtenir des qualifications reconnues et accréditées.
Les migrants et les réfugiés, tant les jeunes que les adultes, se trouvent confrontés à des obstacles considérables quand ils veulent accéder et prendre part à une éducation de qualité. Des conflits peuvent avoir causé leur abandon de la scolarité pendant plusieurs années. Il arrive que certains d’entre eux ne soient même jamais allés à l’école quand d’autres ont perdu des documents essentiels attestant de leurs qualifications. Pour ces raisons, il leur est difficile d’intégrer ou de réintégrer l’éducation et la formation. Du fait de l’absence de politiques, de cadres et de mécanismes efficaces pour appuyer la reconnaissance d’acquis antérieurs, l’intégration des migrants et des réfugiés dans l’éducation et le monde du travail constitue encore un défi majeur. Développer des systèmes solides de reconnaissance, de validation et d’accréditation (RVA) associés à des possibilités d’intégrer des écoles de la seconde chance et d’accéder à des formations professionnelles et au développement des compétences est un moyen nécessaire et prometteur de répondre à ce problème mondial.
On attend du projet qu’il :
- oriente les politiques et cadres nationaux de reconnaissance, de validation et d’accréditation pour les migrants et les réfugiés, et soutienne des mécanisme simples et efficaces de reconnaissance de leurs compétences. Le projet est initialement axé sur des pays cibles sélectionnés, l’objectif étant d’inclure davantage de pays à mesure que le projet évoluera, ce qui nécessitera la participation d’acteurs importants : pouvoirs publics, employeurs et syndicats, mais aussi ONG et organisations du groupe cible ;
- favorise le partage des connaissances entre pays au macroniveau, au mésoniveau et au microniveau. La mise en œuvre du dialogue politique et du partage des meilleures pratiques s’appuiera sur les vastes réseaux de l’UIL et sur ses moyens de communication.
Répondre aux besoins des migrants et des réfugiés en ce qui concerne la reconnaissance de compétences et leur développement à l’échelle nationale et locale nécessite d’instaurer des normes, de développer des mécanismes et de coordonner des actions. Ces dernières années, l’UIL a réalisé de grands progrès dans ce domaine grâce
- aux Lignes directrices de l’UNESCO pour la reconnaissance, la validation et l’accréditation des acquis de l’apprentissage non formel et informel (UIL, 2012) qui fournissent un ensemble de principes et de domaines d’action clés pour aider les pays à développer ou améliorer des structures et procédures dans le but de reconnaître les acquis de toutes sortes de formes d’apprentissage ;
- à l’Observatoire mondial de la reconnaissance, de la validation et de l’accréditation de l’apprentissage non formel et informel (UIL, n.d.) qui compare et diffuse les meilleures pratiques des systèmes de reconnaissance, de validation et d’accréditation à différents stades de développement, contribuant ainsi aux politiques et pratiques dans les États membres de l’UNESCO ;
- au Répertoire mondial des cadres nationaux et régionaux (Cedefop et coll., 2017, 2019), une collaboration de l’UIL, de la Division politiques et systèmes d’apprentissage tout au long de la vie au siège de l’UNESCO, de la Fondation européenne pour la formation (ETF) et du Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop), qui livre une analyse biennale de la mise en œuvre des parcours d’apprentissage dans 100 pays ;
- une publication de l’UIL spécifiquement consacrée aux parcours flexibles et aux mécanismes de reconnaissance, de validation et d’accréditation pour les réfugiés, intitulée Pathways to empowerment: Recognizing the competences of Syrian refugees in Egypt, Iraq, Jordan, Lebanon and Turkey’ (les voies de l’autonomisation : reconnaître les compétences des réfugiés syriens en Egypte, Irak, Jordanie, au Liban et en Turquie. Singh, 2018) qui souligne l’importance de développer de vastes mécanismes de reconnaissance, de validation et d’accréditation pour les réfugiés dans le cadre des réformes de l’éducation et de la formation mises en œuvre par les gouvernements des pays d’accueil dans le but d’éviter l’apparition de projets fragmentés et ponctuels.
Alphabétisation et éducation novatrices pour les réfugiés, les migrants et les personnes déplacées
Avec le soutien de l’agence suédoise de coopération internationale au développement (SIDA), la Section jeunesse, alphabétisation et développement de compétences du Secteur éducation de l’UNESCO et l’Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie (UIL) ont lancé en avril 2020 une étude sur le paysage mondial intitulée « De la radio à l’intelligence artificielle : Alphabétisation et éducation novatrices pour les réfugiés, les migrants et les personnes déplacées ». Cette étude doit contribuer à la mise en œuvre de l’objectif stratégique no 2 sur l’équité de la Stratégie de l’UNESCO pour l’alphabétisation des jeunes et des adultes (2020-2025) adoptée lors de la Conférence générale en novembre 2019. Cette étude a pour but d’examiner et de répertorier des politiques, mesures et pratiques efficaces qui recourent aux technologies pour soutenir l’alphabétisation et le développement de compétences des réfugiés, des migrants et des personnes déplacées internes. Elle se penche sur des études de cas prometteuses du monde entier, sur le plan systémique, institutionnel et programmatique pour en tirer un ensemble de recommandations politiques fondées sur des preuves pour les concepteurs d’interventions éducatives holistiques destinées à ces populations vulnérables. Un appel à soumettre des études de cas a été lancé en mai 2020 et un rapport d’étude sera publié début 2021.